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Revue de Presse
La lettre dans la littérature romane du Moyen Âge. Études réunies par Sylvie LEFÈVRE, LE MOYEN ÂGE – CXV-2009 631

La lettre dans la littérature romane du Moyen Âge. Études réunies par Sylvie LEFÈVRE,  215 p.
S’attachant à définir la lettre comme un genre à part entière au sein de la littérature médiévale, les études réunies par S. Lefèvre tracent à travers des exemples précis et représentatifs les grandes lignes d’une histoire poétique de l’écriture épistolaire vernaculaire : elles en dégagent les principaux problèmes, comme le rapport entre expression subjective et codification. S. Lefèvre, A. Sultan et E. Doudet interrogent les présupposés de la critique
dans la définition de la lettre comme genre littéraire. S. Lefèvre situe le débat et en dégage les enjeux en montrant que les controverses autour de Jean de Gisors, du Voir Dit et d’Abélard et Héloïse reposent sur une opposition arbitraire des notions de construction littéraire et d’authenticité, soit qu’une lettre soit reçue sans recul comme un témoignage véridique, soit qu’une correspondance soit lue à travers l’opposition de l’authentique et de l’artificiel assimilé au faux, sans tenir compte du projet littéraire d’ensemble. A. Sultan revient sur le problème de l’effet de réel épistolaire en confrontant la lecture biographique du Voir Dit à une lecture médiévale sensible à la valeur littéraire des épîtres en prose : les variantes du manuscrit Pm (Pierpont Morgan Library M396) relèvent d’une volonté concertée d’adaptation des lettres aux mutations du lyrisme amoureux et de l’art épistolaire entre le Voir Dit et la Belle Dame sans Mercy. Interrogeant le rejet des correspondances des Rhétoriqueurs hors du genre épistolaire, E. Doudet montre que l’emploi du vers et de la rhétorique épidictique dans leurs lettres, critère de cette exclusion, répond en fait à la même dynamique que pour les correspondances humanistes, celle d’une communication semi-privée entre lettrés engagés dans la vie publique, et dégage la poétique qui régit ces échanges épistolaires pris entre sodalitas et concurrence. D. Demartini et M.L. Savoye décrivent les rapports que la lettre entretient avec d’autres textes dans l’écriture médiévale. D. Demartini analyse la fonction remplie par les épîtres insérées dans le Tristan en Prose, qui marque le passage d’une fonction essentiellement dramatique de ces insertions à une perception de leur valeur esthétique : ces missives se veulent aussi des modèles à travers lesquels se réfléchissent aussi bien un art épistolaire conscient de sa singularité que le roman lui-même. M.L. Savoye analyse la fonction conclusive des deux saluts qui forment l’envoi du Livre des Miracles de Gautier de Coinci. L’examen rigoureux de la structure du cycle où s’insère cette ultime salutation mariale met en lumière la différence de fonction entre le salut non lyrique et le salut lyrique, chant collectif amené par l’ensemble des pièces précédentes. Trois contributions dégagent les rapports entre les épîtres romanes et les traditions épistolaires parallèles. O. Guyotjeannin étudie les jeux d’influence réciproque entre les pôles épistolaire et diplomatique au sein des chancelleries en conjuguant approche typologique et tableau chronologique. Il montre comment la tension entre la forme de la lettre (privée ou publique) et la fonction du titre (acte officiel qui atteste et valide) a provoqué l’émergence de modèles complémentaires qui se sont définis en s’opposant successivement les uns aux autres. L. Barbieri et S. Marinetti décrivent la réception des Héroïdes en langue romane. L. Barbieri analyse les épîtres traduites et insérées dans la cinquième version en prose du Roman de Troie : il y voit un jalon essentiel dans la réappropriation courtoise d’Ovide. Contre les tenants d’une influence directe des Héroïdes sur la genèse du salut d’amour occitan, S. Marinetti affirme que celle-ci a été médiatisée par la poésie mediolatine et la réappropriation scolastique
des épîtres ovidiennes à la lumière des artes dictaminis et de la lyrique courtoise.
La diversité de ces communications reflète la variété d’une pratique qu’elles étudient avec rigueur et précision : leur analyse, aussi bien philologique que littéraire, montre que la lettre médiévale est un genre hybride, au carrefour de traditions multiples et susceptible de remplir des fonctions variées, mais pour lequel les notions de modèle et d’art restent essentielles.

Fanny OUDIN


La lettre dans la littérature romane du Moyen Age : journées d'études, 10-11 octobre 2003, Ecole normale supérieure La lettre dans la littérature romane du Moyen Age : journées d'études, 10-11 octobre 2003, Ecole normale supérieure
34,00 €




Jean DUFOURNET, L’univers de Rutebeuf, LE MOYEN ÂGE – CXV-2009

Jean DUFOURNET, L’univers de Rutebeuf, Orléans, Paradigme, 2005 ; 1 vol. in-8°, 256 p.
(Medievalia, 56). ISBN : 2-86878-253-1. Prix : € 30,00.
Les éditions Paradigme ont eu la bonne idée de rassembler les articles que J. Dufournet a consacrés au poète Rutebeuf de 1978 à 1996. La plupart avaient déjà été réunis dans un ouvrage intitulé Du Roman de Renart à Rutebeuf, paru en 1993 chez le même éditeur et regroupant huit écrits sur Renart et dix sur Rutebeuf. Ce nouveau recueil, à la présentation plus soignée, ajoute quatre études aux dix précédemment publiées, à savoir : Les poèmes de Rutebeuf, Desserrer l’étau de la mort : de Rutebeuf à Villon,
Quelques exemples de la défense des jongleurs au Moyen Âge et La cécité de Rutebeuf, dont la provenance doit être complétée : il s’agit d’une notice extraite du numéro spécial de la revue consacré aux Figures littéraires de la cécité du Moyen Âge au XXe siècle1.

Après l’introduction de R. Dragonetti soulignant à juste titre la polyvalence, la pertinence et l’aspect novateur des travaux critiques de J.D., une première approche classe très clairement l’oeuvre de Rutebeuf, abondante et disparate, selon les thèmes développés, les grandes causes défendues et la chronologie (p. 25-39). L’A. dégage ainsi cinq grands massifs : les poèmes de commande relatifs à l’Église et à la querelle opposant les ordres mendiants à l’Université ; les autres pièces d’actualité prêchant la croisade ; les « poèmes de l’infortune », tournés « vers la satire du monde » et vers
« la réalité médiocre des souffrances de la vie banale » ; les oeuvres religieuses (vies de saintes, miracles et poésies mariales) ; enfin les pièces à rire (fabliaux, débats et monologue comique). Il s’intéresse aussi à l’ambiguïté du sobriquet du poète (p. 67-74) et à sa condition de jongleur (p. 229-249). Ici et là il découvre des échos entre ses poèmes et le Roman de Renart (p. 41-60), entre Rutebeuf et Villon (p. 205-227) ou entre le Miracle de Théophile et plusieurs pièces (p. 161-180).
À des commentaires littéraires judicieux sur la Complainte Rutebeuf (p. 83-89), la Pauvreté Rutebeuf (p. 91-101), la Repentance Rutebeuf (p. 103-118) ou les vingt et un premiers vers de Renart le Bestourné (p. 61-65), se mêlent des analyses plus générales, concernant « la poésie de l’eau » (p. 75-82), la Vierge (p. 181-203), la mort (p. 205-227), et les images récurrentes d’un monde perverti, renversé, masqué, fermé, où « le Mal livre une guerre constante au Bien » (p. 135), où « les justes, les bons, les malheureux sont abandonnés » (p. 141), où « l’obscurité triomphe de la lumière » (p. 153), où « le Mal s’est glissé à l’intérieur du Bien et en a revêtu l’apparence » (p. 156).
En définitive les quatorze articles de grande qualité, réunis dans ce livre, nous permettent de mieux comprendre la véritable personnalité de ce poète, moraliste satirique et voir disant, l’originalité et l’unité d’inspiration d’une oeuvre, certes encore soumise aux goûts et aux idées de ceux qui le rétribuent, certes en partie conforme aux thèmes et aux procédés rhétoriques de son époque, mais qui s’écarte des traditions et notamment de la lyrique courtoise par une authentique présence au monde. Rutebeuf a tellement côtoyé d’imposteurs et d’hypocrites, il a pris lui-même tant de masques qu’il sait bien que le plus sûr moyen d’obtenir le Salut, d’atteindre le Paradis, c’est de suivre la voie difficile et peu fréquentée, la voie constamment attaquée par les imposteurs de toute nature, la voie qu’il défend de toutes ses forces par la magie de son verbe, la Voie de la Vérité.

Claude LACHET

1. T. 12-13, 1996, p. 151-153.


L'UNIVERS DE RUTEBEUF - Jean DUFOURNET L'UNIVERS DE RUTEBEUF - Jean DUFOURNET
30,00 €




Bernard GUIDOT, Chanson de geste et réécritures, LE MOYEN ÂGE – CXV-2009 445

Bernard GUIDOT, Chanson de geste et réécritures, Orléans, Paradigme, 2008 ; 1 vol.
in-8°, 438 p. (Medievalia, 68). ISBN : 978-2-86878-275-5. M68 Prix : € 32,00.
Après F. Suard en 1994, c’est à B. Guidot, autre spécialiste de la matière épique, de proposer un recueil de ses travaux dans le cadre de la collection Medievalia. Cet élégant volume ne rassemble pas moins de vingt-cinq de ses articles, dont les dates de composition s’échelonnent sur près de deux décennies (de 1984 à 2001), l’ensemble formant une somme précieuse et considérable qui échappe au disparate tant s’y affirment les constantes de la pensée, du style et des centres d’intérêt de l’A. C’est au concept d’« irradiation cyclique » d’assurer l’unité d’un ouvrage qui n’a de cesse de souligner le dynamisme du genre épique, présenté à tort comme sclérosé. Pour l’A., la chanson de geste est le lieu d’une tension entre tradition et renouveau. Il s’applique ainsi à montrer comment une légende épique « se perpétu[ant] à travers les âges » est adaptée par « des esprits nouveaux […] au sein de civilisations différentes » (p. 133).
D’où la récurrence, dans ses études d’ensemble (sur des cycles) comme de détail (sur des chansons), des notions de « fixité », de « stabilité » ou de « permanence » auxquelles répondent celles de « dérive », de « mutation », de « renouveau oblique », de « parodie » ou encore d’« originalité ». La lecture de ce recueil permet d’apprécier l’évolution d’une réflexion ambitieuse embrassant des champs littéraires de plus en plus vastes : si les articles les plus anciens sont dédiés à l’épopée médiévale – avec une nette prédilection pour le Cycle de Guillaume d’Orange auquel près de la moitié des travaux est consacrée (dont quatre à la seule Chanson des Aliscans) –, les articles les plus récents (1995-2001) témoignent d’un intérêt croissant pour les formes tardives et trop souvent méprisées de la chanson de geste. Les contributions sont judicieusement regroupées en six chapitres thématiques dont un bref avant-propos précise les orientations. Monde chrétien et monde sarrasin traite de l’idéologie parfois déroutante ou ambiguë qui anime un cycle tel que celui des Lorrains, « puzzle manichéen aux contrastes saisissants » (p. 47), ou des chansons telles que Raoul de Cambrai, « vouée au culte de la violence et de l’horreur » (p. 9), Hervis de Mes, dont le héros est déchiré entre la noblesse et la bourgeoisie, ou encore Le Siège de Barbastre, où s’exprime « une nouvelle vision du monde, fondée sur des rapprochements ponctuels entre Sarrasins et [chrétiens] » (p. 68). Prenant pour objets d’étude les gestes des Lorrains et des Narbonnais, le chapitre Familles et Cycles s’intéresse au processus de mise en cycle (indissociable de la question lignagère) et en particulier à la question du remaniement et des « effets de distance » qui en découlent (p. 90), Aliscans retenant l’attention de l’A. par ses « glissements de rôles » et ses substitutions « révélatrices de modifications dans les équilibres » traditionnels de la Geste (p. 119). Regard et points de vue s’interroge sur la partialité du trouvère dans Garin le Loherain ou sur l’implication de l’auteur d’Aliscans. Le chapitre Imaginaire et illusion réunit trois études sur Renaut de Montauban

abordant les questions de l’idéalisation, de la métamorphose, de l’incertitude et du rôle de la Providence. Fantaisie et humour met en relief la truculence, le pittoresque et la dérision caractéristiques du Cycle de Guillaume qu’incarne plus que nul autre le personnage de Rainouart au tinel, « bouffon venu de l’ombre » devenu « un des membres fondateurs de la geste de Narbonne » (p. 147). Enfin, dans l’ultime chapitre (Réécritures), l’A. se penche sur les mises en prose du XVe siècle (au premier chef sur le Guillaume d’Orange, qui contient une réécriture du Siège de Barbastre) et sur les
adaptations populaires de Huon de Bordeaux et de Renaut de Montauban (les Quatre fils Aymon). Cette dernière chanson fait l’objet de deux articles dans lesquels l’A. met en évidence le manichéisme simpliste et le goût du pathétique qui se manifestent dans la réécriture anonyme de la Bibliothèque Bleue, tout en reconnaissant à cette littérature modeste « le mérite d’avoir conservé au moins quelques bribes d’un Moyen Âge que la science philologique, dans le dernier quart du XIXe siècle, commença à exhumer dans sa pureté originelle » (p. 432).

Delphine DALENS-MAREKOVIC


CHANSON DE GESTE ET RÉECRITURES - Bernard GUIDOT CHANSON DE GESTE ET RÉECRITURES - Bernard GUIDOT
45,00 €




Mouvances et Jointures. Du manuscrit au texte médiéval. MOYEN ÂGE

Mouvances et Jointures. Du manuscrit au texte médiéval. Textes réunis par Milena MIKHAÏLOVA, Orléans, Paradigme, 2005 ; 1 vol. in-8°, 334 p.
Ce volume réunit les actes du colloque international organisé par le CeReS –Université de Limoges, du 21 au 23 novembre 2002. S’inscrivant dans le mouvement des approches critiques fondées sur les concepts de mouvance et de variance du texte médiéval, l’ensemble des contributions s’attachent à la problématique posée par les rapports du texte à son environnement manuscrit, généralement occultés par la pratique habituelle de l’édition critique, alors qu’ils conditionnent largement son identité. Elles tentent ainsi de définir les aspects et les conditions de la mobilité du texte, qui peut être inhérente aux différentes pratiques de la mise en recueil, mais semblerait tout aussi bien relever d’un projet littéraire prémédité. Après une introduction de M. Mikhaïlova et une préface de J. Cerquiglini-Toulet consacrées à quelques réflexions sur la notion de texte dans l’espace du manuscrit, les différentes
contributions sont rassemblées en trois sections. La première, intitulée Insertions et Jointures, est consacrée à l’étude des principaux types de jointures, qui constituent autant des raccords que des marques de séparation, permettant aussi bien l’homogénéisation du texte que sa fragmentation. K. Busby interroge de ce point de vue les tituli qui, dans le fragment d’Yvain contenu dans le ms. Montpellier, BIU, Sect. Méd. H 252., pallient l’absence d’images. F. Laurent montre, dans le Guillaume de Dole de Jean Renart, les contraintes énonciatives qui régissent les jointures entre les parties narratives et les insertions lyriques. M. Demaules constate que, dans le Lancelot-Graal, les songes contribuent à la mise en cohérence des différents textes qui constituent ce vaste cycle. Pour D. Maddox, les insertions narratives de la Folie Tristan d’Oxford confèrent à ce texte une fonction de récit-cadre à de micro-récits. Une seconde section est intitulée Malléabilité du texte, textualité ductile. Est exemplaire à ce titre la Bible d’Herman de Valenciennes, dont M. Boulton analyse la tradition manuscrite particulièrement complexe. Exemplaire aussi, pour N. Regalado, le travail de découpage et d’interpolations que Jean Molinet, dans son Romant de la Rose moralisé, a fait subir au vieux Roman de la Rose. J.J. Vincensini revient sur le Roman de Mélusine pour montrer que les différentes variantes de ce texte « chamarré » et polygénérique, loin de tendre vers l’incohérence et l’hétérogénéité, déplient au contraire une solide organisation symbolique. Quant au risque d’incohérence auquel sont particulièrement exposées les oeuvres cycliques, « fatalement mouvantes », R. Trachsler l’aborde dans le cadre d’une réflexion méthodologique, en rapprochant l’exemple du Lancelot-Graal, plus particulièrement la Suite-Vulgate du Merlin, de la série des Harry Potter. Une troisième section est consacrée à L'œuvre et l’espace du recueil. Quatre communications reviennent sur la composition du célèbre manuscrit Paris, BnF, fr. 837, véritablerecueil-bibliothèque, pour remettre en cause l’image traditionnelle d’une compilation hétéroclite : Y. Foehr-Janssens en proposant de lire le Dit du Barisel comme un prologue programmatique, lieu de dévoilement des éléments d’une conjointure paradoxale ; O. Collet en suggérant que ce recueil-anthologie constituerait une somme des « expériences » littéraires et formes « transgressives » tendant à renouveler la création poétique en langue française ; W. Azzam en constatant que les oeuvres de Rutebeuf constituent comme un recueil à l’intérieur du recueil, miroir des tensions thématiques du recueil enchâssant ; S. Lefèvre en montrant combien l’hybridation du narratif et du lyrique inscrit les unica – en particulier saluts et complaintes d’amour – de façon cohérente dans cet immense répertoire. Par ailleurs, G. Parussa renouvelle par une approche globalisante la lecture de l’ensemble des textes essentiellement dramatiques du ms. Paris, Bibliothèque Sainte-Geneviève, 1131. En font de même L. Walters pour les textes romanesques « chrétiens » rassemblés dans le ms. Chantilly, Musée Condé 472, et C. Lucken pour le manuscrit autographe des poésies de Charles d’Orléans, Paris, BnF, fr. 25458. Si l’enjeu était bien de nous inviter à abandonner nos critères et nos habitudes de lecture, il est atteint. Mais la problématique ici explorée par des voies multiples reste encore largement ouverte.
Jean-Pierre PERROT


Mouvances et jointures : du manuscrit au texte médiéval Mouvances et jointures : du manuscrit au texte médiéval
39,00 €




MOT SO RAZO : Othon de Grondson chevalier et poète

Othon de Grondson chevalier et poète

Jean-François Kosta-Théfaine Orléans: Éditions Paradigme, 2007, 204 pp

Othon de Grandson (c. 1345- 1397) es el poeta francès mes  important de la segona meitat del  segle xiv. Hereu de Guillaume de  Machaut, va dur fins a l'extrem la  retorica de la tristesa amorosa i el  plany del màrtir d'amor. EIs seus  poèmes marcaran profundament  la poesia francesa des del tombant de segle fins a mitjan segle xv  i autors corn Christine de Pizan i  Alain Chartier en seran clarament  deutors. Admirât per Geoffrey  Chaucer, en l'obra del quai va  deixar traces, la poesia d'Othon  de Grandson va ser àmpliament   difosa i coneguda arreu. A casa   nostra, un recull de poèmes seus   van ser compilais al cançoner Ve-  ga-Aguilô (Barcelona, Biblioteca   de Catalunya, mss. 7-8).
     

Nascut a la Savoia, en una familia de l'alta noblesa del Vaud,
  Othon de Grandson va destacar també pels seus fets d'armes, participant en diverses campanyes angleses. Va estar al servei del duc de  Lancaster i després d'Amadeu VII de Savoia, en la mort del quai se'lva acusar d'haver participât. A causa d'aquest afer va haver de    refugiar-se a Borgonya i després a Anglaterra sota la protecciô del rei. Finalment Caries VI de França va retornar-li les terres que li havien confiscat i el va rehabili-tar. Tôt i aixi, el cavalier Gérard d'Estavayer va continuar acusant-lo i el va reptar a un combat singu-lar a ultrança. Grandson va morir de resuites de l'enfrontament.
    El Ilibre Othon de Grandson chevalier et poète, a cura de Jean-François Kosta-Théfaine, aplega vuit treballs que tracten diver¬ ses aspectes de la figura i l'obra literària d'Othon de Grandson. L'objectiu del recull, tal corn es diu a la introduccio, es doble: d'una banda, revifar l'estudi de la figura d'Othon de Grandson i, de l'altra, constituir un complément de la nova ediciô crftica de l'obra del poeta, a carrée de Joan Gre-nier-Winther, que publicarà ben aviat Éditions Champion. Al final del Ilibre, amb el tftol de «L'état de la recherche sur Othon de Grandson», Kosta-Théfaine es-bossa un estât de la qùestiô molt complet que dôna compte de manuscrits, impresos i edicions, i que présenta breument tots eis estu-dis literaris, historiés i biogràfics publicats fins ara sobre el poeta savoià. Aquest panorama biblio-gràfic permet fer-se carrée de fins a quin punt Othon de Grandson hauria estât un autèntic desco-negut si no l'hagués rescatat de l'oblit Arthur Piaget. En efecte, el Ilibre vol ser també un homenatge a Piaget, i amb aquest objectiu es reprodueix l'article «Les poésies d'Othon de Grandson», el primer treball que aquest estudios va de-dicar al poeta, acompanyat d'una petita joia filolôgica: la reproduc-cio de les primeres pagines de la seva transcripcio del Livre Messire Ode segons el manuscrit 10961-70 de la Biblioteca de Brusselles.
    Encapçala el volum un estudi de Daniel Chaubet sobre l'episodi final de la vida del poeta, amb una atenciô especial al duel que el va enfrontar a Estavayer, sobre el quai es reprodueix documentadô fins ara inèdita. Segueix un article de Joan Grenier-Winther que analitza eis manuscrits de l'obra de Grandson i d'Alain Chartier amb l'objectiu de determinar l'autoria del poema conegut amb el nom de La Belle Dame qui eut merci. Després de l'article i la transcripcio d'Arthur Piaget esmentats mes amunt, Catherine Attwood aborda alguns aspectes de la formula-cio del diseurs amorôs en Grand¬ son. A continuaciô la seva obra es comparada, des d'angles diverses, amb la d'altres poètes: Heather Arden estableix parailels entre el Livre Messie Ode i el Livre du duc des vrais amans de Christine de Pi-zan, lan Laurie compara la mètrica de les balades de Grandson amb les d'Eustache Deschamps i Hélène Basso analitza la quête amorosa al Dit de l'Alérion de Guillaume de Machaut i al Livre Messire Ode. Finalment, Alain Corbellari fa un recorregut historié per la recepcio del poeta a la Suïssa romande.
    Dels vuit treballs d'aquest Ili¬ bre, innovadors i amb aportacions importants, cal destacar-ne so-bretot dos. En primer Hoc, l'article «La dialectique amoureuse chez Othon de Grandson», de Catherine Atwood, perquè présenta  breument i amb claredat, basant-se en eis textes, com construeix Grandson el diseurs amorôs: vo-cabulari, expressions, anti'tesis, te-màtica i motius principals. L'article, de caràcter divulgatiu, pot servir per situar el lector que no conegui l'obra de Grandson i introduir-lo en la retôrica de to marcadament trist que defmeix la seva poesia, basada en un amor en essènda contradiction. El segon article que cal destacar es «On thé Autorship of La Belle dame qui eut mercy», de Joan Grenier-Winther, no tant per la qùestiô concreta que s'hi tracta -l'autoria d'un poema tradicional-ment atribuït a Grandson-, sinô sobretot perquè aporta una visiô général de la tradiciô manuscrita de l'obra del poeta. A través de l'estudi de la transmissio d'un poe¬ ma, s'hi presenten eis manuscrits que recullen l'obra de Grandson i se'n descriu a grans frets la difusiô, en bona part Iligada al nom d'Alain Chartier. Es un estudi modèlic pel que fa a la metodologia, que avala la qualitat de la nova ediciô cntica de l'obra compléta de Grandson que prépara l'autora.
    Aquest Ilibre, sensé grans pré-tensions perô amb cura i eficàcia, marca un punt d'inflexiô: es la primera vegada, des que Arthur  Piaget va publicar-ne l'obra com¬ pléta el 1941, que es présenta la poesia d'Othon de Grandson amb voluntat de conjunt i anàlisi cntica. Cal esperar que, a mes de  l'edicio de Joan Grenier-Winther, apareguin altres treballs que cor  regeixin el descuit historic de la cntica literària envers una de les grans figures de la poesia fran-cesa tardomedieval. Fora bo que aquests nous aires bufessin aquf també i revifessin l'interès que Amadée Pages va dedicar a  Grandson a La poésie française en  Catalogne (1936).
                   

MARTA MARFANY


Othon de Grandson, chevalier et poète - Jean-François Kosta-Théfaine Othon de Grandson, chevalier et poète - Jean-François Kosta-Théfaine
31,00 €




Livre des miracles de saint Gilles. La vie d’un sanctuaire de pèlerinage au XIIe siècle

Comme le rappelle A. Vauchez dans son élogieuse préface, l’abbaye de Saint-Gilles du Gard fut durant les XIe et XIIe siècles un lieu de pèlerinage des plus fréquentés, et Gilles – dont on sait pourtant si peu de choses – un des saints les plus vénérés d’Occident. C’est donc « un heureux événement et une initiative très opportune », comme le dit encore A. Vauchez, que de publier pour la première fois en intégralité, accompagné d’une traduction française et d’un savant commentaire, le texte latin du Liber miraculorum sancti Egidii, qui en trente récits de miracles rassemblés par deux rédacteurs successifs – une première rédaction de Pierre Guillaume, qui se présente dans son prologue comme le bibliothécaire de l’abbaye, entre 1120 et 1124, est en effet complétée par un continuateur anoyme à la fin du XIIe siècle – couvre un siècle de vie du sanctuaire.

2L’ouvrage se divise en trois parties d’inégale longueur. Suite à la préface d’A. Vauchez, M. et P.-G. Girault proposent un rapide bilan historiographique sur les recueils de miracles, dont ils soulignent par ailleurs l’intérêt pour accéder à une image vivante de la société et de la spiritualité médiévales, dans cet esprit d’ouverture qui avait déjà guidé les auteurs de Visages de pèlerins au Moyen Age (Zodiaque, 2001). Les informations essentielles concernant la vie de saint Gilles, l’histoire du culte et du pèlerinage complètent cette rapide introduction, qui s’achève sur une présentation des deux manuscrits contenant le Liber et des principes ayant guidé l’édition.

3Le texte latin des trente miracles est ensuite proposé à la lecture, avec sa traduction française en vis-à-vis. Des deux manuscrits existants, c’est le BNF lat 13779 qui a logiquement été retenu, puisque c’est à la fois le plus ancien et le plus complet, à l’exception du premier miracle inséré dans le prologue (« Sur une femme aux mains contractées »), dont le texte se trouve seulement dans le second manuscrit. Sans être très originaux, ce qui n’est évidemment pas l’objet de ce type de récits, les miracles relatés dans le Liber n’en présentent pas moins quelques particularités qui font leur prix : loin de n’être que de secs comptes rendus, la plupart des récits se caractérisent par leur longueur et la précision de leurs notations géographiques ou politiques ; ils se situent volontiers, non pas à proximité de Saint-Gilles, mais dans des régions très éloignées (Allemagne, Pologne, Italie, Espagne), ce qui témoigne bien du rayonnement exceptionnel du culte ; enfin les miraculés font surtout appel à saint Gilles non pour les guérir, mais pour les faire évader de prison ou échapper à la pendaison – le miracle du pendu dépendu apparaissant comme une sorte de spécialité du saint dans ce recueil.

4Dernière partie de l’ouvrage, un copieux commentaire qui met bien en évidence quel gisement d’informations donne à exploiter le Liber : d’abord sur le texte lui-même, ses auteurs et les circonstances de sa rédaction ; sur le sanctuaire de Saint-Gilles ensuite, sa disposition et son évolution architecturale, en particulier de l’abbatiale préromane, abattue en 1116, à l’abbatiale romane, « qui est alors un des plus vastes édifices du Sud de la France » (p. 236) ; sur les pèlerins, leur origine géographique (souvent lointaine) et sociale, leurs motivations, et sur les pratiques religieuses associées au pèlerinage (prières, offrandes et ex-voto) ; enfin sur les miracles en eux-mêmes, dont M. et P.-G. Girault proposent une typologie, tout en éclairant judicieusement leurs rapports aux différents modèles scripturaires et hagiographiques (à commencer bien sûr par la Vita sancti Egidii).

5Bibliographie, index, cartes et illustrations complètent cette publication d’une incontestable qualité, qui mérite d’être recommandée à tout amateur de la civilisation médiévale, spécialiste ou non.

Silvère Menegaldo, « Livre des miracles de saint Gilles. La vie d’un sanctuaire de pèlerinage au XIIe siècle », Cahiers de recherches médiévales et humanistes [En ligne], 2007, mis en ligne le 01 juillet 2008,. URL : http://crm.revues.org/2695


Livre des miracles de saint Gilles - Marcel et Pierre-Gilles GIRAULT Livre des miracles de saint Gilles - Marcel et Pierre-Gilles GIRAULT
28,00 €




OTHON DE GRANDSON, CHEVALIER ET POETE dans New zealand journal of french studies

OTHON DE GRANDSON, CHEVALIER ET POÈTE. Etudes réunies par Jean-François Kosta-Théfaine. Medievalia 63. Paradigme, Orléans, 2007, pp. 204.

This is a timely publication focusing on Othon de Grandson, a fourteenth-century poet whose poetry has been dwarfed by his réputation as a knight who served in England and died in a judicial duel in 1397 at Bourg-en-Bresse. He was falsely implicated in thé death of Amédée VII of Savoy in 1391, rehabilitated by Charles VI, but accused again by Gérard d'Estavayer who then held thé Grandson lands and challenged Othon to single combat to décide thé controversy. Contemporary writers - Geoffroy Chaucer, Froissart, Eustache Deschamps, Christine de Pizan, Alain Chartier, George Chastelain - ail mention him. Thé main source of information has been a séries of essays by Arthur Piaget, thé first of which, from Roman/a 18 (1889), is reprinted in this volume, and his édition of thé poetry (Neuchâtel, 1941). A new critical édition will soon be published by Honoré Champion, Paris. He was a prolific poet, with his work contained in twenty-one known manuscripts. As thé bibliography and références attest and Kosta-Théfaine's essay on thé présent state of research amplifies, there has been a growing trickie of publications devoted to thé texts, biography, and literary study. Thé collection includes a study of thé duel, with some documents and illustrations, but concentrâtes on literary aspects: authorship of thé poem "La Belle dame qui eut mercy", thé love dialectic, and two studies based on Le Livre de Messire Ode'. Heather Ardern comparing thé work with Christine de Pizan's Le Livre du duc des vrais amants and Hélène Basso contrasting ils treatment of thé love quest with that of Guillaume de Machaut's Le Dit de l'Alénon. lan Laurie (Melbourne) examines Othon de Grandson's affinities with Eustache Deschamps, in poetic form and structure, rather than in thèmes or personal relations, although Deschamps records anecdotally their encounter at Calais. Claimed by Romande Switzerland as its leading médiéval poet, Othon de Grandson has been celebrated there in drama and in music. It is a compact, well produced book in an established séries, which will usefully complément thé forthcoming édition of Othon de Grandson's poetry.

Massey University                         GLYNNIS M. CROPP
 


Gallouédec dans Ouest-France

Biographie

Gallouédec, géographe
de la IIIe République

 

Georges Joumas est historien. Cet ancien instituteur et professeur d'histoire-géographie s'est penché avec passion et rigueur sur l'un de ses illustres prédécesseurs. Louis Gallouédec, c'est son nom, est devenu le sujet de sa thèse de doctorat. Aujourd'hui, ce travail universitaire fait l'objet d'une adaptation destinée à un plus large publique. Une démarche pertinente car ce nom rappelle bien des souvenirs. L'homme a donné son nom à cinq millions de livres destinés aux écoles de la République. La Troisième.

Georges Joumas raconte donc l'itinéraire de ce Breton né, pauvre, à Morlaix en 1864. Devenu boursier d'état, il passe l'agrégation d'histoire en 1888 après avoir suivi, à l'Ecole normale supérieure, les cours de Paul Vidal de La Blache. Il sera d'abord professeur puis Inspecteur général. Grand spécialiste de la Bretagne et de la Loire, il abandonne assez vite la recherche. Il se consacre alors à la rédaction de manuels scolaires, les fameuxGallouédec et Maurette qui sont à la géographie ce que les Malet et Isaac sont à l'histoire.

L'affaire Dreyfus le fait rentrer en politique. Dreyfusard, il est l'un des fondateurs de la section du Loiret de la Ligue des droits de l'homme. Élu maire de Saint-Jean-de- Braye (Loiret) en 1912, il le restera jusqu'à sa mort en 1937. Pour son biographe Georges Joumas, « Louis Gallouédec apparaît comme le géographe engagé dans le politiquement correct d'une Troisième République modérée, laïque, patriote et coloniale. Il s'identifie à elle : il en est l'achétype. »

Gallouédec, géographe de la IIIe République, Georges Joumas,
éditions Paradigme, 446 pages, 29 €

Alain BESSEC

 


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Gallouédec était un partisan de la canalisation de la Loire !


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