La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc, et vers inédits, de Charles Péguy, Édition critique par Romain Vaissermann, éditions Paradigme, (448 pages, 35€, ISBN : 978-2-868-78143-7, disponible également en version numérique).
Prière, poésie et passion, La Tapisserie de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc est tout cela à la fois. En cette fin de l’année 1912, aux grandes heures des répétitions litaniques qui consacrent en Charles Péguy un grand poète catholique et l’installent définitivement au panthéon littéraire français, l’œuvre que prépare le gérant des Cahiers de la quinzaine innove par un extraordinaire défi lancé à la littérature ambiante : sous la fougue de son inspiration, Péguy fait exploser le cadre étriqué du sonnet et tente d’épuiser le dictionnaire de rimes.
Mais où mène cette soudaine faconde versifiée ? Et quelle en est la source ? Dans ce recueil publié en décembre 1912, et peut-être plus encore dans les centaines de vers inédits écartés de la publication et aujourd’hui exhumés pour la première fois, il n’est pas trop de sainte Geneviève et de Jeanne d’Arc, deux grandes figures de résistance à l’envahisseur, pour contenir l’aveu des affres de la passion qui tourmentait alors Péguy. Cette nouvelle édition est la première édition critique complète de La Tapisserie de sainte Geneviève, actuellement disponible chez Gallimard à la « Bibliothèque de la Pléiade » et dans les collections « Blanche » et « Poésie », qui remontent aux années 1950-1960. Ces deux dernières éditions ne sont pas, en effet, des éditions critiques. Quant à l’édition critique de La Tapisserie de sainte Geneviève établie dans le volume de la « Bibliothèque de la Pléiade » parue en 2014, elle est incomplète des inédits présentés dans cette nouvelle édition, richement annotés selon les canons universitaires et rendus accessibles au plus grand nombre parce que ces notes ont été voulues pédagogiques.
Édité sans souci de coller à l’actualité – l’année du centenaire de la mort de Charles Péguy (2014) étant passée – mais avec la volonté de livrer au public un texte valable encore dans cinquante ans, ce volume de vers est, pour une large part totalement inédit. Ces inédits ne sont pas des fonds de tiroirs insignifiants mais des vers bien complets et suivis dans des strophes elles-mêmes bien complètes et suivies. Parmi ces quatre-cent-soixante-quinze quatrains, seuls une dizaine de mots restent difficiles à lire sur le manuscrit, retrouvé à force de recherche…
Romain Vaissermann, né en 1974, ancien élève de l’ENS, (1996), agrégé de grammaire, (1998). Il a soutenu sa thèse sur La Digression dans l’œuvre en prose de Charles Péguy en 2005. Il a collaboré à l’édition des Œuvres poétiques et dramatiques de Charles Péguy (Gallimard, Bibliothèque de la Pléiade, 2014). Il est, depuis 2006, président de l’association des « Amis de Jeanne d’Arc et de Charles Péguy ».