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Gérard de Nerval, réalisme et invention - Gabrielle CHARAMAT-MALANDAIN

Gérard de Nerval, réalisme et invention - Gabrielle CHARAMAT-MALANDAIN
Prix : 20,00 €
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Recueil de quatorze études de G. Chamarat consacrées à Nerval et à son oeuvre, et tout particulièrement à Sylvie, Aurélia, Les chimères, Les filles de feu.


Description

Extrait « Sylvie, "Dernier Feuillet" », Nerval, réalisme et invention, Éditions Paradigme, p. 80-81.

Deux dates apparaissent au miroir l’une de l’autre, au « Dernier feuillet » de Sylvie. La première est donnée par Sylvie, explicitement : c’est celle de la mort d’Adrienne, 1832. La seconde se donne moins facilement à lire, car la narration opère un brouillage entre le temps de l’énonciation et le temps du récit. Le titre du chapitre et ses premières lignes situent sa temporalité au plus proche d’une écriture ouverte au futur d’une lecture escomptée :

Telles sont les chimères qui charment et égarent au matin de la vie. J’ai essayé de les fixer sans beaucoup d’ordre, mais bien des cœurs me comprendront.

Ce présent de l’écriture, celui de la composition de Sylvie, 1852-1853, intègre le présent de la narration fictive qui suit et et qui doit être référée (les enfants de Sylvie, « ces petits », en témoignent) à un passé intermédiaire, auquel il donne sens.

Le rapprochement entre la date de 1832 et l’« époque étrange comme celles qui succèdent aux lendemains des révolutions » évoquée au chapitre I s’impose de lui-même. C’est le temps du « désenchantement », du retrait des poètes dans « la tour d’ivoire », du choix volontaire de l’avide curée qui se faisait alors des positions et des honneurs », de l’imaginaire, de la réalité intérieure, subjective, individuelle. La période 1852-1853 représente, on le sait, un autre lendemain de révolutions, et l’ultime abaissement « des grands règnes ». L’étrangeté des événements que viennent de vivre, alors, les écrivains, inaugure une période de remise en cause. Vingt ans après, le refuge dans la tour d’ivoire se trouve frappé d’équivoque : nul doute qu’en planant trop au-dessus des réalités historiques et sociales, le « poète » n’ait abdiqué les pouvoirs critiques de la littérature à leur endroit. C’est, entre autres déterminations, dans la prise de conscience de cette abdication suspecte que se constitue ce que l’histoire littéraire appellera « le réalisme » et que Nerval désigne comme « l’école du vrai » dans un texte dont la mise au point s’intercale entre les deux temps de la composition de Sylvie : Les Nuits d’octobre. Ainsi enchâssés dans la clôture de la nouvelle, les deux dates inscrivent celle-ci dans l’aventure du siècle, dont elle fait retentir les points forts. Elles intéressent, au-delà du je qui parle, la génération que le chapitre I rassemble en un « nous » et qui, ayant traversé les mêmes épreuves que le narrateur, est appelée, au chapitre XIV, à partager le sens de son expérience (« bien des cœurs me comprendront »…).



Détails
EtatNeuf
RéférenceR09
EAN978286878188
Poids0.25 kg