Le Moyen Âge est une réalité européenne ; jamais dans l’histoire de l’humanité, de l’Atlantique à l’Oural, on n’aura autant partagé la même foi, les mêmes valeurs, les mêmes conditions économiques. Grandies à l’ombre des châteaux et des couvents, les villes commencent à s’imposer au XIIe siècle, pour cristalliser de nouvelles formes de savoir, d’art et de techniques, toujours irriguées par les grands voyages de commerce et de pèlerinage qui mènent les hommes de l’Islam à la Scandinavie, de l’Irlande au mont Cassin, de l’Égypte à l’Angleterre.
Sur mille ans, du VIe au XVIe siècle, trois langues se forment à l’écriture, transmettant tout le savoir et toute la foi du monde, le latin, tout l’amour et tout le raffinement de la Méditerranée, les langues d’Oc, toute l’épopée et la rêverie du monde arthurien : les langues d’Oïl.
Mais on parle gallois dans les cours d’Oc, et français (champenois) dans les châteaux allemands. Les troubadours côtoient le monde musulman et les chansons de geste vont jusqu’en Islande.
Trois lieux de culture, trois langues : mais un carrefour constant entre l’Antiquité, l’imaginaire et la philosophie, où théologie, médecine, droit, technique trouvent à se transmettre et souvent à se mettre en forme.
Étudier le Moyen Âge, c’est très exactement étudier les racines d’aujourd’hui ; découvrir la littérature médiévale, c’est découvrir des textes jeunes et pleins de sève, qui ouvrent la tradition dont nous voyons les rameaux tardifs.
Medievalia
Réimpression de l'édition de la thèse présentée par Arthur Piaget à Lausanne en 1888. Analyse précise des oeuvres de Martin Le Franc.
Actes du Colloque Orléans 12-13 avril 1991, sous la dir. de Bernard Ribémont.
Cet ouvrage, assorti d'abondantes notes, d'illustrations bien choisies, et d'une bibliographie présentée clairement, intéressera tout médiéviste (et tout amoureux du cheval un peu curieux). Il a en effet le grand mérite d'offrir au lecteur une synthèse très documentée et vivante sur la place du cheval dans la société médiévale. Si divers auteurs, par leurs articles ou leurs livres, ont abordé certains de ces aspects — le cheval dans la guerre, l'économie, l'agriculture, la technique, la littérature, etc. — nous ne disposions pas d'une vue d'ensemble présentant un panorama complet sur tous ces sujets. Le cheval est ici abordé, donc, sous divers angles : dans son contexte socio-économique, dans l'écriture, enfin dans la médecine ; dernier point complété par l'édition du traité la Cirurgie des chevaux (avec glossaire), suivie de trois autres textes en annexe. L'introduction présente l'ouvrage en plaçant le cheval dans trois espaces : l'espace social, l'espace littéraire, l'espace du soin. Il ne nous est pas possible, dans le cadre de cette recension, de résumer tout ce qui est développé dans ces pages. Il en ressort quelques points fondamentaux : le cheval est un bien précieux, coûteux, un emblème social, un outil de travail aussi, auquel sont liés guerre, artisanat, commerce, agriculture, etc. Une évolution lente se dessine à partir de l'héritage antique, que ce soit pour les races, l'élevage, le matériel de labour, l'attelage, etc. Les sources documentaires sont souvent peu bavardes ou éparpillées : cartulaires, comptes divers, legs, textes litter aires aussi. On discerne des points forts ou caractéristiques, tels que l'existence d'un commerce de luxe privé, des grandes foires, la prédominance des marchands italiens, la grande estime pour les chevaux espagnols et lombards, l'importance des abbayes dans le commerce et l'élevage, l'existence de haras forestiers, la lente substitution du cheval au bœuf... De nombreux phénomènes existent dès le haut moyen âge ou aux XIe-XIIe s. Le XIIIe s. est un siècle-charnière, où se dessine une politique du cheval. Donnons quelques exemples : Charlemagne dans le De villis se préoccupe de recréer un cheptel de qualité (la situation étant catastrophique et les Francs utilisant les chevaux au combat) ; le ixe s. voit l'introduction de la ferrure à clous ; l'élevage existe au monastère de Berdoues (Gers) avant 1150 ; le mot haracium apparaît en Normandie au xiie s. ; à cette même époque existe à Troyes un cursus equorum, emplacement réservé pour le commerce équin. À partir de la fin du xine s. apparaissent écuries et haras royaux. Le cheval de guerre doit être grand et fort : on a introduit après le vine des races orientales plus grandes (chevaux perses, chinois, de Bactriane). L'histoire du harnachement est lié lui aussi à l'évolution de l'art militaire. Son prix ajoute au coût de l'entretien du cheval ; il est pris en compte dans la littérature. Les diverses pièces : selle, étriers, mors, éperons (longs et souvent blessant l'animal, mais semblant réservés à l'usage guerrier), fers, protections de fer pour les combats, sont évoquées et décrites avec l'appui des textes littéraires qui donnent une idée de la variété et de la richesse de certains équipements (cf. par ex. p. 140 et 141, où est décrite une selle de dame, celle d'Enide). Le vocabulaire reflète la diversité sociale et celle de l'usage, « l'importance des équidés et leur fonction identificatrice». Le terme cavallus apparaît au VIe s. dans le sens de « cheval de selle ». On distingue le destrier (destrarius, qui n'apparaît qu'au début du XIIe s.), cheval de combat ; le palefroi, cheval de voyage ; le coursier, cheval rapide de qualité ; le roncin, cheval de selle médiocre ; le sommier, cheval de bât en général. Le terme « auferrant » de l'arabe «al faras» (cheval) est presque exclusivement réservé à la chanson de geste (fin XIIe déb. XIIIe s.). La jument est avant tout bête de somme et monture dégradante. Le poulain peut être un petit cheval de basse condition ; la haquenée (de Hackney, village anglais où l'on élevait des chevaux réputés) est un cheval de marche pour femme ou clerc. Le « chaceor » rapide et robuste, est attribué au veneur de façon privilégiée. Dans l'iconographie l'attitude du cheval est signifiante : cheval au galop pour le guerrier, cheval au pas, courtois, pour la dame. Le cheval identifie le personnage et dans la littérature donne des points de repère à l'intérieur du récit. Le cheval du héros doit souvent son nom, entre autres origines, à la couleur de sa robe. Le cheval littéraire est un cheval idéal, qui rarement mange, boit, etc. C'est un cheval emblème, un cheval valeur, un cheval souvent peu réel. Les couleurs de sa robe sont elles aussi plus symboliques que tirées de la réalité : le cheval blanc a une valeur positive. Le mélange fantaisiste de couleurs n'est pas un obstacle : ainsi lit-on dans le Roman de Troie : « Ne neif ne cignes n'est si blans / Corne ils aveient toz les flans / Ferranz e bais e pomelez / Orent cous, cropes et costez » ; le cheval de Camille de l'Eneas est blanc, noir, rouge, violet à reflets verts, fauve, avec quatre balsanes. Le cheval littéraire est aussi parfois un cheval fantastique, pouvant porter quatre ou sept chevaliers. Ainsi le cheval «faé» est un animal ayant des caractéristiques hors du commun, faisant plus que le cheval réel, possédant une robe aux couleurs multiples, rares. Derrière les descriptions littéraires se devine un substrat à caractère savant. Le moyen âge est héritier d'une tradition encyclopédique antique (Pline, Aulu-Gelle, Solin, etc.), puis d'une tradition patris- tique, les Etymologies d'Isidore de séville étant très souvent citées. Dans la seconde moitié du xiie s. se fait la découverte d'Euclide, Ptolémée, l'aristotélisme étant souvent teinté de néoplatonisme, ceci se produisant à travers Avicenne, Ibn Gabirol et Averroès. Le cheval, quasiment absent des bestiaires, apparaît dans la seule tradition encyclopédique. Raban Maur, successeur d'Isidore, moralise le savoir isidorien, et extrait de la Bible les citations où figurent des chevaux. À la fin du XIIe s., Alexandre Neckam (De naturis rerum), fait des remarques nouvelles à partir d'Isidore, Virgile, Aristote, écrivant sous un angle anecdotique et un angle moralisateur. Les encyclopédistes du XIIIe s. dont les sources sont communes, ont toutefois un regard différencié ; mais les rubriques traitées sont en général de quatre ordres : mœurs, caractère, comportement ; description, anatomie, âge ; mode de reproduction ; matière médicale. Il apparaît en tout cas que le cheval « didactique » est plus littéraire que réel, à part quelques exceptions. On notera, pour ce qui est de la médecine, Vincent de Beauvais (à partir des sources les plus courantes), et surtout Albert le Grand, source essentielle pour la Chirurgie des chevaux.
2014, anniversaire de la naissance de Christine de Pizan
Des études sur Christine de Pizan (vers 1364- vers 1430) offrant un panorama à la mesure du génie de la poétesse et de la diversité de son oeuvre.
Liliane Dulac et Bernard Ribémont ont rassemblé les articles des spécialistes reconnus des études sur Christine offrant ainsi un panorama à la mesure du génie de la poétesse et de la diversité de son oeuvre.
Se servant de toutes les formes d’expression littéraire (les renouvelant parfois et usant de multiples registres), Christine traite à sa guise d’amour et de science, de morale et de politique, de philosophie et de religion
Réflexions sur la notion d'espace européen au Moyen Age.
actes du colloque, Orléans, mai 1993
Vitale et rituelle, l’eau de l’homme du Moyen Âge irrigue plusieurs mondes. Qu’elle s’offre dans son immédiat surgissement – source, rivière, pluie –, ou dans la proximité d’une domestication encore élémentaire – puits, citernes, aqueducs, moulins –, elle baigne l’économie et la vie quotidienne, l’imaginaire et le religieux. Mer, fleuves, rivières, elle est moyen de transport, lieu d’échange et force motrice. Sources et lacs, elle est aussi le domaine des fées et du merveilleux qui resurgit dans la littérature : mer du Tristan, bain de Mélusine, fontaine de Barenton… Venus de différents horizons à l’initiative du CEMO (Centre d’Études Médiévales d’Orléans), neuf chercheurs éclairent ici quelques-unes de ses multiples facettes.
Ce recueil propose un regard multiple sur l'eau au Moyen Age : présence de l'eau dans l'économie, la vie quotidienne, l'imaginaire, le religieux et la littérature.
Actes du colloque, Orléans, mai 1994 - Centre d'études médiévales.
178 pages nouvelle édition
S'appuyant sur divers documents (littérature, fabliaux, actes notariés, etc.), l'auteur étudie les différents états du corps au Moyen Age : corps désirable et jouissant, corps vêtu des coquettes, corps souffrant, corps mort. L'auteur met aussi en valeur les rites entourant ces états : médecine et remède de bonne femme, banquets funéraires, etc.
Titre épuisé.
Etude psychanalytique de la littérature du Moyen Age.
Au Moyen Âge de nombreux pèlerins parcourent le Val de Loire. Qui sont-ils et quels chemins suivent-ils ?
Quelle est la place du pèlerinage dans la société ? Quelle est l’image des pèlerins dans la littérature ? Quelle part le roi leur fait-il dans ses aumônes ?
À Blois, à Chartres, à Orléans ou à Bourges, qui sont les gens dont la vie sociale s’organise autour de saint Jacques, dans les confréries ? Les statues de saint Jacques, ses églises, ses chapelles sont-elles des jalons sur les routes de Compostelle ?
On trouvera ici quelques-unes des nombreuses traces que les pèlerins ont laissées dans le patrimoine régional.
Colloque du château royal de Blois le 13 avril 2007
Contributions de Priscille Aladjidi, Colette Beaune, Marc Bouyssou, Pierre-Gilles Girault, Françoise Michaud-Fréjaville, Nicolas Pelat, Denise Péricard-Méa, Jean-Paul Sauvage, Martine Tissier de Mallerais, Catherine Vincent.
234 pages
Dernier roman de Chrétien de Troyes, le Conte du Graal est aussi son oeuvre la plus énigmatique. Qui sait ce qu'est le Graal. L'oeuvre se résoud-elle à une problématique chrétienne, ou Chrétien de Troyes veut-il nous mener plus loin ? La courtoisie suffit-elle à mettre en ordre le monde arthurien ? C'est une approche polyphonique de cette oeuvre qui est ici proposée.
Ici nous parlent quelques auteurs médiévaux, comme jadis au XIVe siècle, les exempla du Cy nous dit original. On s'interroge sur les genres littéraires avec Evrart de Conty, Eustache Deschamps, Olivier de La Marche, Pierre Michault... On discute l'existence d'une vulgarité médiévale avec Marcoul. On étudie un geste injurieux, l'histoire d'un mot d'esprit et des procédés comiques avec Rabelais.
Marijke de Visser
Voici l’apparat critique se rapportant à l’édition de l’Histoire ancienne jusqu'à César (Estoires Rogier) publiée en Tome I.
Marijke de Visser présente la tradition manuscrite du texte, le choix raisonné du manuscrit de base, les variantes des manuscrits de contrôle, un stemma codicum. Le contexte culturel et littéraire apparaît au fil d'une série d'études sur l’auteur et le dédicataire, sur le public et le message à lui adressé, sur la mouvance du texte et sa réception, sur la langue et sa localisation, sa place au commencement de l'historiographie en prose française.
En annexe, le lecteur trouvera une édition intégrale des passages en vers de toutes les sections du manuscrit de Paris. Que par la suite ces vers aient été dérimés ou omis ajoute encore à l'importance de ce témoin capital de l’évolution de la littérature en prose au XIIIe siècle.
Marijke de Visser-van Terwisga est professeur au département de français de l’Université d'Amsterdam. Elle enseigne la littérature et la linguistique médiévales, ainsi que la culture du Moyen Âge et de la Renaissance.
A la suite de Chrétien de Troyes, le roman évolue, la primauté du sens laisse la place au plaisir du récit et trouvera sa représentation dans un cycle de romans mettant Gauvain en scène. Dès lors, le neveu d'Arthur n'est plus la belle image des romans du XIIe siècle, il devient signe à lire et déchiffrer : les récits arthuriens cessent d'illustrer l'éthique chevaleresque, ils deviennent le lieu d'une initiation à l'art du roman.
Un recueil d'articles sur cette chanson de geste en vers, datant de la fin du XIIe siècle, œuvre d'amour et de sang, mettant en scène un monde féodal promis au chaos, et qui peine à s'inventer des lois.
Les textes réunis dans ce recueil ont été retenus pour éclairer ou représenter exemplairement la grande aventure du roman aux XIIe et XIIIe siècles. Le Sens que l'on interroge ici est celui de l'entreprise romanesque elle-même, cette émergence, fondatrice de notre " littérature ", d'une écriture de fiction dans la langue maternelle. C'est la forme qui donne accès au sens. On la saisira à divers niveaux signifiants : des types de discours, aux thèmes narratifs en passant par le mode du récit. On trouvera également en ce recueil quelques contributions à l'étude d'un des plus fascinants " adverbes d'énonciation " de l'ancienne langue, or, dont la présence fréquente dans nos textes ne manque pas, elle aussi, de faire sens.
La question de l'incongru dans la littérature médiévale est celle d'une littéralité et d'une subjectivité poétique qui se glissent dans l'" entrouvert " du texte et des codex. D'où le titre " une poétique des enfances ", une poétique qui défie l'impertinence et l'acquiescence de l'acte de lecture, et qui permet de mesurer cet écart poétique constitutif de l'écriture littéraire médiévale. Claudio Galderisi a voulu analyser la fonction éminemment littéraire, l'amplitude esthétique, de cet écart à l'intérieur d'un système culturel codifié. Il apparaît alors qu'étudier l'incongru - l'inutile, le dangereux incongru, flors inversa du travail poétique - comme substance de contraste esthétique peut contribuer à faire émerger a contrario l'image transcendante de la poièsis, en équilibre précaire entre singularité et harmonie.
Le personnage de Merlin a suscité de nombreuses oeuvres et de travaux critiques. Ce recueil d'articles sur l'enchanteur Merlin, publié dans le cadre de l'agrégation de Lettres 2001 tente d'en élucider son rôle dans la tradition orale et écrite de la mythologie bretonne et propose des articles inédites notamment sur la notion de la temporalité dans ses écrits.
Les recherches recueillies dans ce volume ont pour but d'étudier la mémoire menacée et l'oubli poétique dans le chant médiéval. Elles mettent en évidence les perspectives anachroniques et illusoires du trompe-l'œil poétique. Ce trompe-l'œil naît d'une résurgence destinée à mystifier, à donner à la fraîcheur du chant les semblances de l'intemporel et du naturel. Le fragmentaire, qui est au cœur de l'art littéraire et plus particulièrement des chansons du Moyen Âge, laisse entrevoir un monde possible, dont la nostalgie et la naïveté ne sont qu'apparence. Seul le jeu entre mémoire affichée et oubli illusoire peut alors permettre, sinon la reconstitution d'un horizon d'attente perdu, du moins sa résonance poétique.
La ruse, dans ces deux corpus, est analysée sous quatre catégories : le comportement, la référence, l'intertextualité et le verbe, pour en démontrer la pertinence esthétique et littéraire.
Colloque autour de la présence préponddérente de l'autre monde : la mort, l'au-delà, les prophéties, les êtres surnaturels, le songe de la reverie, dans la littérature Arturienne. Réunit vingt-cinq contributions : L'autre monde comme une scène de quiproquo (S.Atanassov) ; Le lac de Lancelot (A. Bertholot); Merlin, l'intermédiaire des mondes (A.Donnard), etc.
Actes du Colloque arthurien de Rennes (8-9 mars 2001)
Guillaume le Vinier et Adam de la Halle faisaient partie de ce cercle constitué de bourgeois d'Arras qui aimaient à débattre en vers et en musique sur l'amour courtois et son code. M. Gally montre que pour ces poètes arrageois il s'agissait d'un jeu dont les participants (banquiers, commerçants, clercs...) pratiquaient une lyrique collective, à la fois érotique et réflexive.
Présente une soixantaine de compositions méconnues de troubadours mineurs des XIIe et XIIIe siècles et de chantres du XIVe siècle. Propose pour chacune à la fois la version occitane et une traduction française.
Roman d'aventures en vers écrit au début du XIVe siècle, le Roman du comte d'Anjou met en scène les errances d'une jeune femme pieuse qui fuit les excès du désir masculin et l'hostilité d'une puissante comtesse. Issu d'une thèse, cet ouvrage montre que ce roman s'inscrit dans la thématique des femmes persécutées, s'interroge sur son réalisme et analyse la représentation du chrétien.
Rassemble des études critiques sur ce roman arthurien en prose qui s'inscrit dans le cycle du Lancelot-Graal. C'est un roman des échanges, des frontières et des intermédiaires sur le plan structurel, symbolique et théologique. Les auteurs, et notamment E. Gilson, un spécialiste de la théologie médiévale, offrent de nouvelles relectures de cette oeuvre du Moyen Age.
Après la guerre de Saxe, Jean Bodel écrit une chanson dans laquelle il raconte les faits de guerre. La culture norroise l'a reprise à son compte et y apporte des changements. Cette étude en examine les divergences.
Les contributions étudient en amont du texte médiéval, les liens qui le rattachent à son environnement manuscrit et influent sur son identité, liens cachés par la pratique de l'édition critique. Les chapitres portent sur les jointures, raccords ou marques de séparation, les inconstances et la maléabilité des textes et enfin l'espace du recueil qui confère à l'oeuvre une existence dynamique.
Réunit des études critiques consacrées par J. Dufournet à un poète médiéval dont le surnom révèle toutes les contradictions, la polyvalence et l'ambiguïté qu'on peut retrouver dans son oeuvre : rapports à la société et au monde, à sa condition, à son oeuvre, à la création poétique, à la légende du pauvre jongleur, à la religion et à la mort.
Étude des actions des chevaliers de la Table ronde, vues comme les preuves qu'ils s'éloignent de leur enfance.
Actes du 2e Colloque arthurien de Rennes, 6-7 mars 2003
S’interroger sur les enfances arthuriennes revient à accepter que les héros, Arthur et toute la Table Ronde, nous intéressent au point de désirer savoir ce qu’ils étaient lorsqu’on les appelait Gauvainet ou Sagremoret. Les réponses présentes dans la littérature arthurienne prouvent que notre questionnement est partagé par toute une tradition de lecteurs, et que les auteurs, copistes, rédacteurs des diverses Suites, ont souhaité combler les attentes de leur public. Le monde arthurien, monde du roi adulte guidé par un Merlin sans âge, est un univers qui s’efforce d’accéder à la maturité : la disparition des dragons et des diables, la parade amoureuse, le jeu des tournois et même la quête du Graal ne nous disent pas autre chose. Abandonner l’enfance, s’inscrire dans un lignage, dans une mémoire, écrire ce qui est arrivé pour en faire histoire… Tâches sans fin de qui s’éloigne de l’enfance.
Recueil de soixante-quatorze chartes émises principalement à Troyes et à Bar-sur-Aube et qui rendent compte de la prospérité et de la fécondité intellectuelle de la Champagne au XIIIe siècle. Elles permettent de mieux connaître la langue française de cette époque et apportent un éclairage sur la vie quotidienne dans l'Aube, en particulier à Troyes.
A partir de pièces de chancellerie, de correspondances entre écrivains, de la traduction des Héroïdes, ces contributions cherchent à définir le cadre des échanges épistolaires et sa fonction dans l'histoire et la littérature médiévale.
Ces contributions montrent comment se sont constituées les quatre suites au Merlin de Robert de Boron, comment elles fonctionnent au sein de la tradition arthurienne et des divers cycles en vers ou en prose, comment et pourquoi elles sont consacrées à un moment de transition entre le couronnement du jeune Arthur et l'épanouissement du roi.
actes du colloque des 27 et 28 avril 2007, École normale supérieure (Paris)
Issue d'articles publiés entre 1990 et 2001, cette synthèse est fondée sur l'étude d'aspects ponctuels liés aux grands cycles épiques du Moyen Age et reflète l'esprit de croisade qui règne sur la totalité de la production épique médiévale. Elle s'interroge sur les rapports des chansons de geste avec l'histoire, posant la question de la construction des oeuvres en cycle.
ISBN: 9782868782755
Apparu à Florence en 1928, puis longtemps disparu, ce recueil de farces est représentatif du premier théâtre français. Après une introduction décrivant le manuscrit, son histoire, et donnant des indications sur le genre de la farce, la théâtralité, la mise en scène et la langue, l'appareil critique précise pour chacune la datation, la localisation et le contexte.
Apparu en 1928 en Italie, puis longtemps disparu, cet objet de légende a brièvement ressurgi. Ayant eu alors le privilège d’examiner le recueil, Jelle Koopmans donne une édition fidèle des 53 farces qui y sont rassemblées. Précisant datations, localisations et contextes, son travail rend caduque la transcription publiée par Gustave Cohen en 1949.
Cette édition est un événement, elle attire l’attention sur un répertoire trop méconnu ; au XVIe siècle commençant triomphait un art dramatique bien plus élaboré qu’on croit.
Glossaire
Index des personnages
Index nominum
832 pages
Jelle Koopmans est professeur à l’Université d’Amsterdam. Il a publié des éditions critiques (Sermons joyeux, Condamnation de Banquet, Mystère de saint Remi, Ulenspiegel, Recueil des repues franches de François Villon) et de nombreux articles sur le théâtre. Il est membre de l’Académie Royale des Arts et des Sciences des Pays-Bas (KNAW).
Signe de l’intérêt croissant pour la lyrique des troubadours, cette anthologie lui est tout entière consacrée. Les poètes d’oc méritent en effet d’être plus largement connus ; ne serait-ce que pour l’élan initial qu’ils ont donné à la poésie européenne en langue vulgaire et pour la nouvelle conception de l’amour propagée par leurs chants.
Cette beauté ne doit pas être réservée aux savants. C’est pourquoi Paul Fabre a veillé ici à éclairer les mots et le contexte. Ainsi, huit cents ans après, le lecteur entendra mieux cette parole et sera saisi par son pouvoir d’évocation.
143 poèmes en langue d’oc,avec traduction française en regard. 96 poètes cités : de Guilhem de Peiteus à Raimond de Cornet, en passant par Bernard de Ventadorn, Bertrand de Born, Peire Vidal, Gui d'Ussel, Peire Cardenal...
Ouvrage publié avec le concours du Centre National du Livre.
704 pages
ISBN: 9782868782823
"Il y a une dramaturgie médiévale. Cette évidence s'impose à qui retrace le travail minutieux et cohérent des dramaturges entre le XIIe et le XVIe siècle. Avant de porter sur la scène une matière connue, ils la remodèlent en profondeur. Aucune de leurs créations n'est une transposition brute du récit narratif, toutes témoignent d'une réflexion et d'un savoir-faire sur les moyens propres à captiver les spectateurs. Tantôt on use de conventions, tantôt on crée une imitation suggestive du réel. Étudiée ici sous l'angle de deux de ses dimensions fondamentales, l'espace et le temps, cette dramaturgie se révèle finalement plus homogène que la diversité des œuvres dramatiques ne l'a donné à penser jusqu'à présent."
Après une analyse des acteurs et des structures de la culture théâtrale des villes entre Amiens et Tournai et de Saint-Omer à Valenciennes, en passant par Lille, Douai..., l'auteur étudie les rapports entre les milieux dramatiques et le pouvoir, ainsi que l'influence des idées de la Réforme. Différentes pièces de théâtre sont ensuite étudiées.
Le théâtre est omniprésent dans la société de la fin du Moyen Âge. C’est particulièrement vrai entre Amiens et Tournai et de Saint-Omer à Valenciennes, à Lille, à Douai, etc. Représentations de pièces religieuses et joyeuses, tableaux vivants, improvisations et festivités à caractère dramatique foisonnent.
Dans les limites de ce qu’il est convenu d’appeler les provinces du Nord, Katell Lavéant explore ces multiples formes et nous conduit à la rencontre des acteurs de ces jeux. Entre langue française et culture flamande, au coeur de la ville et de ses rapports complexes avec le pouvoir, on découvre une culture dramatique riche et protéiforme, on découvre l’ampleur de ses manifestations et l’importance de sa dimension politique et symbolique.
La recherche présentée ici montre la société des XVe et XVIe siècles à travers ses activités théâtrales et propose une réflexion stimulante au croisement des études littéraires et historiques.
Les différentes études exposent les résultats et les limites des approches anthropologiques, en particulier celles de René Girard, appliquées à différents genres narratifs médiévaux.
René Girard et ses thèses radicales hantent le paysage intellectuel mondial. Cependant, du fait de la position marginale de leur auteur (décentré par rapport à ses propres études de chartiste, par sa position critique post-freudienne et post-lévi-straussienne, par sa position géographique et professionnelle américaine), ces fantômes peinent à prendre corps dans la recherche universitaire
littéraire de notre pays.
Depuis quelque temps, toutefois, Girard jouit enfin en France d’une certaine reconnaissance, et des penseurs de premier plan n’hésitent plus à dire l’influence qu’il a pu exercer sur eux et sur leurs travaux.
Lecteurs anciens et passionnés de son oeuvre, H. Heckmann et N. Lenoir ont décidé de passer outre à l’étrange désintérêt que cet auteur, « médiéviste renégat », manifeste lui-même pour la littérature française du Moyen Âge et ont invité leurs collègues à tester ses hypothèses anthropologiques sur des échantillons variés de la littérature narrative des XIIe et XIIIe siècles. Publiant avec son autorisation l’adaptation scientifique d’un de ses deux articles sur le sujet et nonobstant la difficulté théorique que présente une telle entreprise, ils en proposent ici les premiers résultats.
Contributions de Dominique Boutet, René Girard, Philippe Haugeard, Hubert Heckmann, Beate Langenbruch, Nicolas Lenoir, Bertrand Rouziès-Léonardi, Karin Ueltschi, Jean-Jacques Vincensini.
Ouvrage publié avec le concours du CÉRÉdI (UFR Lettres et Sciences humaines, Université de Rouen)
Essai d’analyse différentielle des sept versions
Le dialogue narratif est depuis Platon considéré comme un morceau de dialogue théâtral déposé dans les creux d’une narration. Au Moyen Âge particulièrement, où tout récit transite par la voix vive, on considère régulièrement les romans comme du théâtre enveloppé d’une narration : les dialogues littéraires sont d’abord du langage transcrit imitant la parole dans l’écriture, puis du langage oralisé, texte écrit prononcé à voix haute par le jongleur ou l’acteur. Que se passe-t-il quand la voix des personnages se glisse dans celle d’un conteur plutôt que dans celle d’un acteur ? L’oralité s’exprime-t-elle de manière identique dans les lectures en public et sur les tréteaux du théâtre ?
Cet ouvrage regroupe les contributions des meilleurs spécialistes réunis à l’Université de Toronto en juin 2011 pour évoquer le rapport entre textualisation et oralité. Les questions abordées montrent le traitement que chaque type de texte fait du dialogue, depuis le manuscrit jusqu’à sa performance orale, interrogeant sa fonction dramatique et discutant la notion de genre en pleine configuration.
Table des matières
1. Corinne Denoyelle
Ouverture
2. Evelyn BirgeVitz, (New York University)
«Theatricality and its limits : Dialogue and the art of the storyteller in the romances of Chrétien de Troyes »
3. Chantal Connochie-Bourgne (Université de Provence)
« Ce que la forme dialoguée fait au traité didactique : le cas du Placides et Timeo»
4. Frank Brandsma (Universiteit van Utrecht)
« Doing Dialogue : the Middle Dutch Lancelot translators and corrector at work. »
5. Francis Gingras (Université de Montréal)
« Mettre en scène ou en page : les marques du dialogue dans la tradition manuscrite de quelques fabliaux »
6. Jelle Koopmans (Université d’Amesterdam)
« Dialogue et jeu — dialogue et mise en scène »
7. Michel Rousse (Université de Rennes-Haute Bretagne)
« Le dialogue : du théâtre au fabliau »
8. Denis Hüe (Université de Rennes II-Haute Bretagne)
« Autour de l’Advocacie Notre Dame, de la narration à la dramatisation »
9. MadeleineJeay (Université MacMaster)
« La Violence de la métaphore. Ou comment ne pas se faire comprendre »
10. Dorothea Kullmann (Université de Toronto)
« Défier l’autorité. Le conflit avec le seigneur dans l’épopée, le roman et le drame »
11. Michèle Gally (Université de Provence/CNRS)
« ‘Jeu’ contre ‘récit’ ? Autour des ‘jeux’ arrageois »
12. IsabelleArseneau (Université McGill)
« Chanter pour ne rien dire : L’inefficacité de la parole lyrique dans Le Roman de la Violette et sa mise en prose »
13. Pierre Kunstmann (Université d’Ottawa)
« Les dialogues dans les Miracles de Notre Dame narratifs et dramatiques »
14. Chris Piuma (Université de Toronto)
« ‘Co que pus ma parech belh” Language, Dialogue, and Utopia in Guillem de Torroella’s La Faula »
15. Juliette Valcke (Université de Mount Saint Vincent)
« De l’intermède comique à la leçon de morale Polyvalence des dialogues des vignerons dans le théâtre de la Mère Folle de Dijon »
16. Evelyne Oppermann-Marsaux (Université de la Sorbonne Nouvelle)
« Interjections et représentation de l’oralité : l’exemple de fictions romanesques et de fictions dramatiques en moyen français »
17. Mario Longtin (Université de Western Ontario)
« Chœur à chœur : le Mystère de sainte Barbe en cinq journées et le roman médiéval »
18. Corinne Denoyelle (Université de Toronto)
« La construction des dialogues à plusieurs personnages au théâtre »
Index
Biographies des contributeurs
Mélanges en l'honneur de Jacques Charles Lemaire. Textes réunis par Alain Goldschlächer.
Le présent volume ambitionne de rendre un hommage aux travaux de Jacques Charles Lemaire, un des maîtres de la recherche en codicologie et un des chercheurs internationalement reconnus en matière d’édition et d’analyse des textes du Moyen Âge français. Ses mérites s’observent quand on consulte la liste impressionnante de ses publications et que l’on prend connaissance de ses multiples travaux.
À côté de brillantes excursions dans divers domaines de recherche littéraires et philosophiques, l'œuvre et la pensée de Jacques Ch.Lemaire demeurent profondément ancrées dans l'étude du moyen Age. Ses collègues et ses amis belges, français et étrangers désiraient rendre hommage à la qualité de ses travaux et à sa chaleureuse présence dans les cercles scientifiques en lui dédicaçant un article qui concerne son domaine de prédilection. En outre, le choix de centrer toutes les contributions sur la thématique médiévale découle d'une volonté délibérée de l'éditeur de créer une cohésion dans la lecture du volume. D'autres recueils de même nature sur le XVIIIe siècle, la franc-maçonnerie ou le combat de la laïcité ne manqueraient pas de se justifier pour jeter une lumière encore plus révélatrice sur la diversité et l'ampleur de l'œuvre de Lemaire. Que le présent volume représente un témoignage de respect et d'affection pour cette figure attachante.
isbn 978-2-868783-01-1
Établissement du texte, traduction et introduction par Christophe CHAGUINIAN.
Étude linguistique du texte par Catherine BOUGY étude des répons par Andrea RECEK.
Le Jeu d’Adam est une œuvre remarquable à plusieurs égards. Datant du XIIe siècle, elle est la plus ancienne composition théâtrale européenne – avec le Auto de los Reyes Magos espagnol – dont tout le dialogue soit en vernaculaire. Mais, et c’est là le plus important, Le Jeu d’Adam est une incontestable réussite littéraire, ce qui en a fait un classique du théâtre médiéval.
Études sur l'encyclopédisme médiéval et plus particulièrement sur la place et la vision de la nature dans l'encyclopédie de cette époque.
Le Moyen Âge, après l’Antiquité, et bien avant le siècle des Lumières, forgea un grand nombre d’encyclopédies. Au XIIIe siècle, époque de création des Universités, période où, après l’assimilation du savoir des Arabes, on discute beaucoup de philosophie et de sciences naturelles, fleurissent de nombreux textes encyclopédiques. Leurs auteurs, des compilateurs, visent à mettre à la portée du public un vaste réseau organisé de connaissances, touchant à tous les domaines du savoir. Ils rassemblent pour cela des données venant des autorités antiques et nouvelles, arabes et occidentales.
Le but de ce recueil d’études est de poser quelques questions, de souligner quelques aspects particuliers de cet important genre littéraire, qui occupa une place centrale dans la culture médiévale. Ce livre se veut aussi un encouragement à l’étude de textes qui, pour être fondamentaux, n’en sont pas moins encore beaucoup trop négligés par la critique.
Découvrir une histoire au Moyen Âge, c’était l'entendre, récitée ou lue ou récitée – à haute voix, dans le cadre d’une performance publique. Le jongleur n’est pas seul, il donne le ton, mime l’action, interprète plusieurs personnages : il est acteur, danseur et parfois musicien. Evelyn Birge Vitz, médiéviste spécialiste de la mise en voix des textes, a travaillé avec des acteurs sur la performance, sur la façon de transmettre ces écrits : de la chanson de geste au roman, elle explique comment ils se prêtaient autrefois à la mise en scène, et encore aujourd’hui.
Professeur Emérite de l’Université de New York, Evelyn Birge Vitz est l’une des principales spécialistes de la performance de la littérature narrative du Moyen Âge. Elle a notamment publié Orality and Performance in Early French Romance (D. S. Brewer, 1998), Performing Medieval Narrative (D. S. Brewer, 2005, avec N. Regalado et M. Lawrence), et plus récemment, In the Presence of Power : Court and Performance in the Premodern Middle East (New York University Press, 2017, avec Maurice A. Pomerantz).